Les poissons migrateurs amphihalins présentent la particularité d’effectuer des migrations entre le milieu marin et l’eau douce pour accomplir leur cycle de vie. Deux catégories d’espèces amphihalines sont présentes en France métropolitaine : les espèces anadromes se reproduisent en rivière et grandissent en mer (le saumon, les aloses, la truite de mer et les lamproies) tandis que les espèces catadromes ont un cycle inversé (l’anguille, le flet et le mulet porc).
Le cycle de vie complexe de ces poissons les rend particulièrement vulnérables aux pressions d’origine humaine (surpêche, dégradation des habitats essentiels, présence de barrages, etc.) qui s’exercent sur l’ensemble de leur cycle biologique. Autrefois abondantes, les populations des migrateurs sont aujourd’hui en danger. Il est nécessaire de bien comprendre leur dynamique de population pour mieux les protéger.
L’écologie des espèces amphihalines au cours de la phase continentale (eau douce) est relativement bien documentée grâce aux nombreux suivis (dispositifs de comptage et des suivis par pêche électrique) réalisés sur tout le territoire depuis plus de 20 ans. En Bretagne, les poissons migrateurs sont particulièrement bien observés comme en témoigne par exemple le suivi mené sur le saumon du Scorff depuis 1994.
A l’opposé, les phases marines et, dans une moindre mesure estuarienne, du cycle de vie des amphihalins sont à ce jour extrêmement mal connues en raison de la difficulté de capturer ces poissons avec les engins classiquement utilisés en mer et de leur faible valeur commerciale (espèces peu débarquées). Ce manque de connaissance est particulièrement préjudiciable pour ces espèces, puisqu’il est difficile de les gérer durablement sans prendre en compte leur phase marine.
Cet exposé sera l’occasion de faire un état des lieux des différents suivis réalisés sur les poissons migrateurs présents dans nos rivières bretonnes. Il permettra également de proposer les différentes pistes envisagées pour mieux comprendre leur écologie dans le milieu marin.