Luc Percelay, directeur du lycée maritime d’Étel : « Une formation polyvalente qui facilite la reconversion »
« Trouver du travail à la pêche, ce n’est pas un problème. Le travail existe dans tous les métiers et il est rémunérateur.
Les bons matelots vont sur les bons bateaux et, là, il n’y a pas de turn-over. Il faut nécessairement accepter un mode de vie un peu décalé. C’est un métier de caractère, noble : on est dans l’action, obligé de faire face aux éléments.
Pour sélectionner nos élèves, nous les invitons à de petits stages embarqués. Ceux qui alors persistent vont pouvoir suivre les formations. Beaucoup nous disent qu’ils ne veulent pas rester matelots toute leur vie. Nous leur expliquons les possibilités de promotion. En suivant directement le bac pro, ils se donnent dès le départ les moyens de progresser. Ils pourront, plus tard, accéder aux formations d’officiers.
La formation et la pratique créent des profils favorisant la reconversion. Dans les autres types de navigation, commerce, off-shore, les armements aiment recruter des pêcheurs car ils connaissent leur polyvalence et leur aptitude à faire face à toute situation difficile ».
Sylvie Roux (Union maritime CFDT) : la modernité du salaire à la part
« Au 1er janvier 2011, le Code du travail maritime a été intégré au Code des transports. Pour les situations non envisagées dans ces codes, la référence est le Code du travail général. Le travail est encadré par des conventions collectives, soit de branche, soit d’entreprise. En pêche artisanale, il n’existe pas de convention, mais seulement un accord national qui règle toutes les questions, temps de travail, RTT, rémunérations, congés, avec des avenants.
Nous sommes attachés au mode de calcul à la part. A terre, les grosses entreprises pratiquent des salaires fixes avec des compléments relatifs aux bénéfices, comme l’intéressement. A la pêche, le salaire a toujours été basé sur la réalité de l’économie de l’entreprise. C’est une tradition qui reste moderne. Il faudrait élargir aux artisans ce qui existe à la pêche industrielle ».
« Nous donnons aussi la priorité à la sécurité. Souvent négligents, les équipages doivent prendre pleinement conscience que la sécurité, c’est leur affaire. Ils doivent être responsables personnellement et ne pas s’en remettre à d’autres. Nous critiquons par ailleurs le discours contradictoire de l’Union européenne qui veut développer la sécurité tout en nous interdisant de renouveler les bateaux. Aujourd’hui, les navires sont de plus en plus anciens ».